Nous sommes le 25 septembre 1915 jour "J" de la grande attaque. Joseph RAYMOND moine et officier est à la tête de ses hommes pour l'attaque d'une position près de l'étang de Ville sur Tourbe entre La Main de Massiges et le Bois de Ville, début de l'Argonne. Ayant atteint sans encombre la première ligne ennemie détruite par trois jours de bombardement continuel, ils comprennent que leur position avancée les plaçait dans une situation inconfortable. L'histoire qui va suivre est une histoire complètement démentielle, histoire d'un destin individuel comme il y en eut des milliers où la mort choisi au hasard celui qui vivra et celui qui mourra.
Sauve qui peut!
Notre victoire était précaire. On le comprit bientôt; car plusieurs hommes du régiment voisin, égarés parmi nous, nous apprirent que leur attaque avait complètement échoué. Les fils de fer s'étant trouvés intacts, leurs vagues d'assaut avaient été mitraillées à bout portant : le bataillon était anéanti sans aucun résultat. Ainsi notre avance nous perdrait sans doute; car nous avions des ennemis à notre gauche et presque derrière nous. De fait leurs mitrailleuses balayaient continuellement la plaine, pour empêcher notre ravitaillement. A moins donc de mourir de faim, tôt ou tard il faudrait céder; mais on espérait bien qu'une nouvelle attaque améliorerait la position.
En attendant nous étions harcelés sans répit. Par les boyaux du bois de Ville des grenadiers allemands, héroïquement audacieux, venaient en petit nombre attaquer tout le régiment en déversant dans nos tranchées leurs sacs pleins de grenades. Seize fois dans la journée et dans la nuit suivante nous fûmes assaillis de la sorte.
Or, dans nos rangs pressés les grenades faisaient d'innombrables victimes. Nos hommes s'inquiétaient, n'ayant rien pour répondre. Toutefois ils voulaient tenir et subissaient héroïquement l'avalanche de mort.
Notre jeune aumônier était vraiment sublime. Arrivé de la veille, n'ayant jamais vu le feu, il avait voulu monter à l'assaut avec la première vague. Dans la tranchée allemande il cumulait tous les services : les médecins et les infirmiers n'ayant pu nous rejoindre, il les remplaçait tous. Sa charité opérait des miracles. C'était merveille de le voir se prodiguer partout. On eût dit que les grenades s'écartaient de cette pauvre soutane, qui rayonnait splendidement de foi, d'espérance et d'amour !
Vers 2 heures de l'après-midi, je reçus l'ordre d'organiser la 23e compagnie, privée de tous ses chefs. Or, comme Raoul épuisé avait risqué le retour, je restais seul disponible. Parcourant de nouveau la tranchée conquise, je rassemblai péniblement les débris de cette compagnie. Or pour se rendre à leur poste, tous ces hommes devaient traverser un boyau fort étroit, complètement obstrué vers le milieu par un géant bavarois, qui y agonisait. Comme il souffrait horriblement, il avait insisté pour qu'on le laissât en place. Il avait donc fallu creuser dans les parois du boyau deux trous pour poser le pied en passant. Qu'allaient faire mes hommes?
Sans souffler mot, je me tins à distance durant leur défilé; et je puis témoigner non sans admiration que plus de deux cents soldats français passèrent sur cet Allemand sans qu'un seul osât l'effleurer. Et pourtant quelques mois plus tôt une scène abominable nous avait révoltés. Un blessé d'une patrouille allemande étant resté sur le terrain, quatre brancardiers ennemis s'étaient montrés en plein midi, demandant qu'on leur permit de relever leur camarade. Le capitaine français fait droit à leur requête. Aussitôt ils accourent, tandis que de part et d'autre, accoudés sur le parapet, Allemands et Français regardent. Or, sitôt qu'ils furent descendus nous reçûmes en action de grâces plusieurs centaines d'obus meurtriers. L'on s'était promis une juste vengeance. Mais le vin pur de la charité française saurait-il déposer de la lie? On peut vider à fond la coupe de notre cœur, on n'y goûtera pas de fiel!
* * *
Je finissais de rassembler la 23e Cie, quand reparut son Capitaine. On le croyait mort, car plusieurs l'avaient vu tomber. Or, il ne portait pas une seule égratignure. D'où venait-il ? Les hommes chuchotèrent : " Il s'est caché dans un trou, attendant une petite blessure. " Hélas! il allait bientôt accréditer lui-même cette infamante accusation.
La nuit, obscure et pluvieuse, fut particulièrement pénible; mais les efforts de l'ennemi demeurèrent stériles.
Or subitement au petit jour la contre-attaque décisive se déclencha de tous les côtés à la fois. Il devint bientôt manifeste, qu'on ne résisterait pas longtemps. Au bout d'une demi-heure on parlait d'évacuer toutes les positions. Etait-ce un ordre du commandant? J'envoyai un caporal chercher des renseignements précis : ce soldat héroïque partit sans hésiter. A vrai dire pas un Allemand ne se montrait encore, et l'on ne pouvait pas savoir si l'ennemi était en force pour tenter l'assaut des tranchées.
Dans un angle de pare-éclats mon capitaine et moi nous rencontrâmes, assis sur des sacs de terre, le triste capitaine de la 23e compagnie.
---Il faut nous rendre, déclara-t-il; à quoi bon se faire tuer?
---Es-tu fou? dit mon Capitaine. On a l'ordre de tenir ici.
---C'est possible, reprit le misérable. Moi je tiens surtout à ma peau. Si nos hommes voulaient me croire, le massacre cesserait tout de suite, et la guerre serait finie pour nous! "
Or les hommes entendaient.
---Tais-toi, fit mon Capitaine. Va-t'en plutôt encourager les hommes à faire tout leur devoir.
---Non, je ne bouge pas : c'est encore le plus raisonnable.
J'étais complètement ahuri. Quelques jours auparavant j'avais discuté avec cet homme, qui affichait à tout propos un patriotisme farouche. Le seul nom d'Allemand le mettait hors de lui. Il parlait de les massacrer tous; et maintenant je l'entendais dire : Moi, mon vieux, je crie kamarad! Comment n'ai-je pas fermé d'un coup de revolver ces lèvres qui déchiraient le moral des soldats? Mais vraiment je ne pouvais croire qu'il eût l'âme assez basse pour exécuter son dessein.
L'ordre de retraite venait d'être donné. Pour aiguiller les hommes dans la bonne direction à travers un dédale de tranchées et de boyaux détruits, il fallait sortir de la foule. Mon Capitaine et moi nous montâmes résolument sur le parapet. Malgré les objurgations de nos dévoués soldats nous restâmes près d'une heure à 100 mètres l'un de l'autre debout sur la tranchée face à l'ennemi. La mort ne voulait pas de nous!
Suprême effort!---
La retraite s'opérait en bon ordre. Si l'ennemi reprenait par lambeaux toutes ses positions, il les enlevait à haut prix. Cependant la plaine se couvrait de cadavres; car un ouragan de mitraille soufflait de tous côtés sur les chemins du retour.
Il y avait une heure que l'attaque faisait rage, quand par les boyaux de l'Etang je vis se dessiner un mouvement de l'ennemi pour nous couper la retraite. S'il sortait, nous étions perdus. Je courus vers mon Capitaine :
---Voyez là-bas, mon Capitaine, on menace de nous tourner !
---En effet, me dit-il, je crois que c'est la fin !
---Il faut les arrêter. Voulez-vous que j'y aille?
---Mais ce n'est pas notre secteur. Et ceux qui s'en iront, n'en reviendront jamais!
---Au revoir, mon Capitaine. Vous allez voir qu'on les aura! Nous nous serrâmes tendrement les deux mains. Je partis. J'arrêtai au hasard une dizaine d'hommes -
---Les Boches vont nous cerner là-bas. Qui veut venir avec moi? Ils répondirent tous: ...Moi, mon lieutenant!...
---Vous savez; on n'en reviendra pas !
---Ça ne fait rien, mon Lieutenant, allons-y !
L'on courut sous une pluie de balles; et l'on arriva par bonheur quelques mètres avant l'ennemi. Je postai mes hommes deux à deux à l'entrée des boyaux. Eux à genoux, moi debout au milieu pour les encourager, nous restâmes là plus d'une heure, dix contre trois cents. Fusillés à bout portant, les Allemands tombaient l'un sur l'autre, et derrière ce rempart de cadavres l'on tirait presque en sécurité.
Désormais la retraite continuait sans encombre ; et vers 8 heures du matin le combat cessait faute de combattants. Seul notre petit groupe se défendait encore. Hélas! Comme la mère des Macchabées, je vis tous mes pauvres enfants tomber l'un après l'autre, tandis que j'étais épargné! Quand tous mes hommes, criblés de balles, furent couchés à mes pieds, et qu'on ne tira plus, les Allemands bondirent ensemble de tous les boyaux à la fois; si bien qu'en quelques secondes je fus environné de près de cent Bavarois. La fuite était impossible. Debout sur sa tranchée, un sergent ennemi m'interpella en français :
---Rendez-vous, Monsieur!
---Jamais! lui dis-je avant toute réflexion.
Il prit le fusil à l'un de ses hommes, et me visant à trente centimètres du front, bravement il me fusilla.
Je tombai comme une masse, foudroyé.
J'affirme en toute conscience que je n'éprouvai pas la moindre sensation, et cependant comme soulevé par un choc violent, je roulai dans un trou d'obus en dehors du boyau. On me crut mort; on me laissa. J'avais toute ma connaissance. Je consultai d'abord ma montre: il était 8 heures du matin. Puis je m'installai dans mon gîte un peu plus confortablement, et presque aussitôt un jet de sang s'échappa de mes lèvres. J'étais donc blessé. Où? je n'en savais rien; mais je l'étais bien gravement, puisque à chaque expiration le sang giclait de ma bouche avec une violence incroyable. Pensant bien qu'à ce compte ma dernière heure était proche, je mis ordre sans retard à mes affaires de conscience, et très calme j'attendis la mort. Il faisait si beau pour mourir! L'air était doux, le ciel très pur avec de petits flocons blancs, entre lesquels je me frayais en imagination un passage vers le Paradis. Mais à 9 heures je vomissais encore le sang, et la mort attendait.
Tout à coup un tir de barrage se déclencha sur la tranchée allemande près de laquelle j'agonisais. Quelles émotions terribles! Il me semblait qu'à soulever la main, j'eusse rencontré des obus, tant ils éclataient près de moi. Je compris la terreur qu'inspire le 75. Rien qu'à l'entendre, on mourait de peur. Cent fois je me crus en pièces; mais les monceaux de terre, et les milliers d'éclats volaient par-dessus ma tête, sans me toucher jamais. Quand le tir cessa, je vomissais le sang, et je vivais encore !
A 11 heures, je respirais mal; j'avais froid; j'avais soif; mais comme le sang ne coulait plus, je me repris à vouloir vivre. Dans la plaine silencieuse on n'entendait plus que les râles des mourants, et les cris des blessés. Or dans les plis de ce linceul boueux nous étions bien près de deux mille à hurler l'appel de la mort. Ces crucifiés de la Patrie criaient comme le Christ sur la croix : Mulier! Sitio ! Maman! Maman! A boire! A boire! Mais pas une maman n'était au pied de nos calvaires; et plus cruels que les soldats romains, les Allemands présentaient à ceux qui mouraient de soif des grenades et des balles. Mes voisins d'agonie furent tous assassinés, et je dus mon salut à mon silence total. J'avoue que j'ai regretté d'abord les petits beurres et le bordeaux que la veille j'avais distribués à mes ennemis mourants, mais bientôt j'acceptai le martyre. On eût dit que des ongles d'acier m'arrachaient l'intérieur des membres à partir des extrémités. Pour ne pas crier je mordais mes habits, mes courroies, mon casque. Si mes lèvres n'appelaient point maman, mon coeur lui adressait les plus déchirants appels. Il me semblait vivre à rebours; et à mesure que la mort approchait, je me sentais redevenir tout petit, cherchant près du cœur où j'ai puisé la vie un dernier refuge contre la mort!
Soudain un nuage sombre s'éleva au-dessus de ma tête, et il commença de pleuvoir. Je tirai démesurément la langue : pas une goutte ne l'effleura. Je dépliai très lentement un grand mouchoir de caserne, et l'étendis au fond du trou, pour le sucer trempé de pluie. Hélas! quand j'eus fini mes beaux préparatifs, le ciel redevenu limpide me versa des torrents de soleil. Alors à bout de forces je saisis de la boue, et j'en mangeai avidement. J'avalai six poignées de vase : elle était si fraîche et si bonne! Puis, rassasie, j'attendis le soir.
Il me souvient que vers 5 heures j'assistai de mon trou au plus beau des spectacles. Au dessus de la Tourbe, sur l'écran d'un ciel sombre, défilaient des paysages lointains que je reconnaissais, et pendant près d'une heure ce splendide mirage charma les loisirs de mon agonie. Décidé maintenant à tenter la fuite, je m' orientai avec soin, et j'attendis prudemment de ne plus voir les piquets des réseaux plantés à deux mètres devant mon trou pour être sûr de n'être point vu des sentinelles allemandes, qui parlaient tout près derrière moi.
Chemin de croix!
A 8 heures je voulus sortir. Je coupai d'abord mes courroies, n'emportant pour tout bagage que mon rosaire et mon browning : et j'essayai de me soulever. Hélas je n'avais point prévu que mes membres ankylosés me refuseraient tout service. J'étouffai un cri de douleur, et je pleurai quelques instants. Mais la volonté fut plus forte. Je soulevai mon côté gauche et le calai avec mon casque. Au prix d'efforts inouïs je me mis sur le ventre, et j'écoutai. On ne m'avait pas entendu. Alors tournant le dos à la tranchée allemande, je cherchai mes points de repère; mais la nuit les avait dérobés. Où aller maintenant? Fort heureusement je me souvins que la ligne ennemie occupait le sommet d'une légère pente : en descendant j'irais chez nous.
Santi "Langemarck"
Je sortis doucement, et rampant par-dessus un cadavre je roulai dans un nouveau trou. J'écoutai : rien! Je continuai ma route à travers les cadavres, plongeant successivement dans les trous d'obus. Mais bientôt épuisé je tombais dans les entonnoirs non plus pour me cacher, mais pour vomir une gorgée de sang, et respirer. A vrai dire je no souffrais pas; mais par moments le coeur cessait de battre, et dans un flot de sang je croyais rendre la vie.
Il y avait bien deux heures que je rampais ainsi, ne trouvant plus ma route et presque découragé, quand j'entendis non loin de moi les râles affreux d'un mourant. Désireux de lui offrir les secours de mon ministère, je me décidai à remonter vers lui. Mais où se trouvait-il? Je voulus appeler.
Aucun son ne sortit de ma gorge. Je compris alors que la balle m'avait transpercé la poitrine, et pour la première fois j'eus peur. Si jamais j'arrivais à la tranchée française, on me crierait : Qui vive?; je ne pourrais répondre, et petit-être on me fusillerait. Aussitôt mon plan fut tiré. Puisque ce moribond hurlait avec tant de force, il crierait pour nous deux : il fallait le sauver. L'ayant enfin rejoint, je me penchai à son oreille.
---Que fais-tu là?
---Je suis mort!
---Pas tout à fait.
---Et toi, pourquoi ne sais-tu pas parler?
---J'ai tout le dedans démoli.
---Alors couche-toi là; nous allons mourir ensemble : ça sera plus gai !
---Mais non! Voilà deux heures que je marche et je veux me sauver. Viens avec moi.
---Tu ne m'as donc pas regardé, mon pauvre vieux ?
A la lueur d'une fusée je vis une moitié d'homme: le nez était parti, le bras droit arraché, le côté droit ouvert, et la jambe droite pendait par la peau.
---Tu as encore, lui dis-je, tout un côté de bon. Viens avec moi: tu crieras pour nous deux en arrivant chez nous.
---Mais comment me traîner?
---Donne-moi ton bras; je te traînerai bien. Il se laissa convaincre. Je rampais sur le ventre, puis je tirais à ma hauteur le malheureux par le bras qui restait. Quelle marche! Pendant près d'une heure nous allâmes ainsi, lui hurlant de douleur, moi respirant la mort, dans une direction inconnue. Or à vingt mètres devant elle un énorme entonnoir d'obus nous offrait le meilleur abri. On se laissa rouler jusqu'au fond du trou; puis après un moment de repos :
---C'est maintenant, lui dis-je, le moment de crier: nous voilà rendus !
---Mais non, reprit-il à voix basse; ça c'est la tranchée boche!
Je l'assurai du contraire avec une confiance que je n'avais point; mais il n'en voulut pas démordre.
---Demain au jour, conclut-il, je verrai où je suis.
---Mais moi, demain, je serai mort, lui dis-je, car je sentais la vie s'échapper de ma poitrine ouverte. Pourquoi ne veux-tu pas crier?
Insister était inutile : mort pour mort il fallait tout risquer.
Je remontai seul de l'entonnoir lugubre; aussi prestement que possible j'atteignis le bord de la tranchée et je roulai dedans.
---Elle était vide!
Jetant comme c'était convenu une motte de terre dans le trou de mon homme, je l'avertis de me rejoindre. Quelques instants après nous étions là tous deux à gémir sur notre triste sort. Avoir rampé pendant trois heures, croire toucher au port de salut, l'atteindre, pour y trouver la solitude en attendant la mort! J'étais désespéré. Mon compagnon d'infortune l'était encore plus que moi. Il appelait tour à tour sa mère, sa femme et ses enfants; m'accusant de l'avoir trahi après l'avoir martyrisé en route; il pleurait et hurlait à la fois.
Son abattement me rendit des forces.
---Attends! lui dis-je; je vais trouver quelqu'un. Je partis seul le long de la tranchée, m'appuyant des deux coudes au parapet du boyau, m'arrêtant à chaque pas pour respirer; mais ayant parcouru quelques centaines de mètres, je revins sans succès.
Où aller maintenant? Et pourquoi donc cette tranchée était-elle vide? Mon cerveau épuisé se perdait en explications chimériques. Si nous avions pu soupçonner que c'était une parallèle de départ en avant de la vraie tranchée, la certitude du salut nous eût ressuscités; mais la crainte et le doute minaient nos dernières forces.
Soudain nous entendîmes des voix venir à nous.
---Tu vois bien, c'est des Boches, me dit avec effroi mon compagnon d'infortune.
---Je n'en sais rien, répondis-je; mais il me reste encore 6 balles. Laisse-moi descendre encore 6 Boches, et puis nous mourrons là !
Il s'étendit au fond du boyau. Je m'assis devant lui, mon browning au poing.
Oh! les mortelles secondes !
Au détour du dernier pare-éclats, quelles ombres allaient surgir devant nous ? Les pas se rapprochent: il n'y a que 2 hommes. Heurtant les mottes de terre du boyau éventré, ils tombent et rient. S'ils savaient ce qui les attend! Mes yeux dilatés par la fièvre et la peur fouillent l'ombre; ma main crispée serre convulsivement la poignée de mon revolver.
Les deux hommes approchent.... ils nous touchent .... Faute de temps je dois tirer aussitôt .... dans 5 secondes ils seront sur nous.
Mais voici qu'au tournant suprême l'un des 2 hommes s'affale dans un trou.
---Ah! M....! crie-t-il en se relevant. Nous sommes donc chez nous !
C'étaient deux brancardiers français : enfin nous étions sauvés!