L'Année juillet 1918

 

LA BATAILLE DU 15 JUILLET 1918
 
 
EN CHAMPAGNE 
 
     1917, quatrième année de guerre. Depuis quatre ans les deux adversaires s'efforcent d'emporter la décision au prix de lourdes pertes. C'est la course à la mer en 1914; l'offensive de septembre 1915 en Champagne; et en 1916, l'attaque allemande sur Verdun, la nôtre sur la Somme. Quand cette guerre finira-t-elle? Comment vaincre? 
 
      Les Allemands s'efforcent alors d'obtenir la décision sur le front français avant que ne soient prêtes les divisions américaines. Au printemps 1918, trois grandes offensives allemandes ébranlent profondément le front allié: ce sont, en mars-avril, l'attaque vers Amiens; fin avril, celle des Monts de Flandre; en mai, celle du Chemin des Dames. Tout laisse prévoir que l'assaut final, l'assaut de la paix, aura lieu en Champagne. 
 
    La tactique allemande est bien au point: préparation d'artillerie qui écrase nos troupes, puis vagues d'assaut qui les submergent et s'enfoncent profondément dans notre dispositif. Est-ce la décision? Pas encore. Nos réserves affluent, colmatent la poche et, chaque fois, rétablissent la ligne de front. 
 
     Mais l'engagement de nos réserves retarde d'autant le moment où nous pourrons reprendre l'offensive que prépare avec une inlassable énergie le Général Foch, chargé, le 26 mars 1918, de " coordonner l'action des armées alliées sur le front de l'ouest. " 
 
     Le Général Pétain commande les forces françaises. Il a mis au point une parade à la tactique adverse. Il l'a fait fin 17, avant même que les attaques du printemps 18 ne prouvent l'efficacité de la manœuvre allemande " Il faut, dit-il, échelonner notre dispositif en profondeur, En cas d'attaque, il faut également abandonner la première ligne pour que la préparation et l'assaut initial tombent dans le vide. " 
 
     Pendant tout l'hiver, le Général Pétain va, d'armée en armée, exposer son plan. Partout il se heurte à une opposition farouche. Chacun se refuse à abandonner une parcelle du territoire national dont chaque pouce a coûté déjà tant de sang. 
 
     Gouraud sera le premier à entrer dans les vues du Général Pétain; non sans hésitations, du reste, comme le racontera plus tard le Général Prételat, qui était alors colonel, chef d'état-major de Gouraud à la IVe Armée. 
 
     C'est le 17 janvier 1918 que le Général Pétain vient à la IVe Armée exposer sa tactique nouvelle. Gouraud, comme tous les autres commandants d'armée, proteste avec émotion contre l'idée d'abandonner, de parti pris, la première position. Après le départ du Général Pétain, écrit le Général Prételat dans les " Ecrits de Paris " d'avril 1951 : " En remontant, derrière le Général Gouraud, le petit escalier conduisant à nos bureaux, ce dernier, encore très ému, s'arrêta sur une marche pour me dire:  
-" Qu'est"ce que vous dites de cela?  
-" Je dis, mon Général, que je suis enchanté.  
-" Enchanté? Entrez! "  
Et je le suivis dans son bureau. 
 
     Le Général Gouraud avait l'esprit trop clair pour ne pas saisir rapidement les avantages des solutions prescrites par la nouvelle directive. Et je le quittai, une demi-heure plus tard, en emportant son adhésion totale aux idées du Général en Chef. 
 
     Il s'agit maintenant de réaliser la manœuvre ainsi définie; tâche délicate à tous poins de vue. Du point de vue psychologique d'abord: la seule idée d'abandonner du terrain sans combat soulève le " tollé " de tous les exécutants. Les difficultés tactiques ne sont pas moindres. Où fixer cette ligne de résistance qui ne doit être ni trop près de la ligne de front, ni trop éloignée? Trop près, elle serait soumise à la préparation d'artillerie; trop loin, elle ne permettrait pas aux unités en ligne de faire l'aller-retour entre les deux positions en une seule nuit, en cas de fausse alerte. Il faut aussi préserver le secret, éviter que l'ennemi ne soupçonne nos mouvements; il faut enfin déceler chez lui tous les indices permettant de déterminer le lieu et la date de l'attaque. 
 
     Dans cette action, Gouraud et Prételat constituent une équipe merveilleusement unie et efficace. Dans les semaines qui précèdent la bataille, Gouraud visite inlassablement les unités, appréciant leur moral et, si besoin est, le réconfortant; faisant partager à tous sa conviction profonde qu'une attaque importante aura lieu en Champagne et que nous saurons la briser. Prételat et l'Etat-Major mettent au point les rouages délicats de la manœuvre. De nombreux articles écrits depuis la guerre, de nombreuses conférences ont relaté la perfection de ce mécanisme. 
 
     Fin juin, début juillet, les indices d'attaque se multiplient. Il faut rendre hommage ici au travail de reconnaissance aérienne réalisé par l'aviation de la IVe Armée, sous la direction de son chef, le Commandant Boucher - exemple typique de l'efficacité du binôme terre-air lorsque les forces aériennes et les forces terrestres travaillent la main dans la main. Mais il fallait des renseignements précis que, seuls, pouvaient donner des prisonniers. 
 
     Dès la fin juin, Gouraud prescrit aux corps d'armée l'exécution sur tout le front de coups de main profonds destinés à faire des prisonniers. Ceux capturés le 28 juin donnent un premier renseignement; il est confirmé par d'autres prisonniers capturés les 6, 1O, 11, 12 et 13 juillet. Le 14 juillet, vers 21 heures, dans le secteur des Monts de Champagne, un détachement du 366C R.I. (132e DI), commandé par le lieutenant Balestié, capture 27 prisonniers qui lui confirment l'imminence de l'attaque. Celle-ci aura lieu cette même nuit à 4 h 15, de Reims à la Main de Massiges. Aussitôt, une nouvelle fois (il avait déjà été pris plusieurs fois depuis le début du mois), le dispositif défensif, si minutieusement mis au point depuis plusieurs semaines, est mis en place. 
 
     Le déroulement d'ensemble de l'attaque est bien connu. L'idée de manœuvre est bonne et la préparation bien au point. Encore faut-il, pour que ce soit une victoire, que chaque unité fasse son devoir et se batte farouchement. Nous suivons ici, au jour le jour, l'action des divisions en ligne, non sans avoir jeté un coup d'œil sur la carte. Elle montre l'ambition des intentions allemandes et l'importance des moyens engagés. L'attaque est menée par 15 divisions en premier échelon, soutenues par quatre autres; toutes unités d'élite, amenées récemment, pour la plupart, dans la zone. En face, nous ne disposons que de huit divisions de premier échelon, en secteur depuis longtemps, soutenues par cinq autres. Le haut commandement français entend en effet conserver le maximum d'unités disponibles pour reprendre dès que possible l'initiative des opérations. 
 
     Les documents saisis sur des prisonniers ont révélé que l'avance prévue pour le premier jour devrait être de 10 km environ, alors que nous n'entendons céder que les 2 ou 3 km nécessaires pour faire tomber dans le vide la préparation d'artillerie. Il faut rappeler ici que notre première ligne n'avait pas été complètement dégarnie. Des petits postes y avaient été maintenus. Ils avaient pour mission de disloquer les premières vagues d'assaut, de les retarder et les faire décoller du "barrage roulant" qui avançait, imperturbable, selon un horaire fixé d'avance. Il faut noter aussi que la surprise changea de camp. Les Allemands croyaient attaquer des troupes ayant joyeusement fêté le 14 juillet. Ils se heurtèrent à des unités en état d'alerte, Bien plus, alors que la préparation d'artillerie allemande devait commencer à minuit dix, notre contre-préparation débuta à vingt-trois heures trente, semant la déroute chez l'ennemi et le doute dans son esprit. 
 

Journée du 15 juillet 1918 .matin 
 
8eC.A. 

 
     A l'Est, au 8c corps d'armée, la 161" division (Général Lebouc) et l'extrême aile gauche de la 16e division, sont seules attaquées dans la région de la butte du Mesnil et Massiges. Les Allemands submergent la majorité des éléments laissés en première ligne et progressent vers le Marson, poussant en direction de Valmy. Ils sont arrêtés devant le réduit et le village ruiné du Mesnil, où, malgré plusieurs attaques et tentatives d'infiltration, ils ne peuvent pénétrer. Plus à l'est, le parallèle des réduits de la première position est conservé intact. Ainsi, à la 161e division, non seulement la position de résistance est partout maintenue, mais encore une partie du dispositif de couverture reste en place, notamment sur la Main de Massiges. 
 
21eC.A
 
     Le 21e corps d'armée est attaqué sur tout son front entre 3 h 50 et 4 h 10. Les Allemands avancent, non sans peine, à travers les organisations de la première position, gênés et éprouvés par les feux des troupes de couverture et par les tirs de l'artillerie qui les contraignent à rompre l'ordonnance de leur attaque. Ils dépassent et encerclent successivement les petits postes, puis les sections avancées, enfin les compagnies d'hinterland, au prix de vifs combats. Vers 7 h 30, ils sont presque partout au contact de la position de résistance qu'ils assaillent avec violence. 
 
     A la 43e division (Général Michel), à la suite d'attaques renouvelées et de coûteux efforts, ils parviennent à pénétrer dans cette position à hauteur de la zone des entonnoirs de Perthes-les-Hurlus et quelques-uns de leurs éléments entrent dans ce village, Quelques groupes réussissent également à s'infiltrer entre Perthes-les-Hurlus et le Mesnil-les-Hurlus. Des contre-attaques sont aussitôt prescrites. Le Général Naulin, commandant le 21e corps d'armée, renforce à cet effet la 43e division avec un bataillon et demi prélevé sur les forces de la deuxième position. Partout ailleurs, notamment dans la région du Trou-Bricot, l'échec des Allemands est complet. 
 
     Ils n'obtiennent pas plus de succès sur le front de la 13e division (général Martin de Bouillon), dans la région de Souain, où leur effort est puissant cependant. Une brèche momentanée qui s'ouvre à l'est du village dans la défense de la position de résistance est bientôt fermée par une contre-attaque. Le général Naulin met à la disposition de la 13e division quelques compagnies américaines prélevées sur la deuxième position. 
 
     Dans le secteur de Saint-Hilaire-le-Grand, contre la 170e division (général Bernard), les Allemands lancent vainement sept attaques successives contre la position de résistance, qui n'est nulle part entamée. Ces attaques sont brisées par les feux de mousqueterie et de mitrailleuses et les barrages d'artillerie. Par précaution, le général Naulin renforce néanmoins la 170e division avec un des bataillons américains de la deuxième position (1). 
 
4e C.A. 
 
     A l'aile gauche de la IVe armée, au 4e corps d'armée, les Allemands attaquent vers 4 heures. Ils ne progressent que péniblement à travers la zone de couverture, retardés par la résistance des éléments avancés et notamment par le tir des mitrailleuses placées sur les pentes sud des Monts. Vers 7 heures, ils arrivent au contact de la position de résistance. 
 
     Ils font contre elle un effort particulièrement vigoureux. Malgré la violence de leurs attaques, ils ne parviennent pas à l'entamer à la 132e division (général Huguenot), dans la région nord de Baconnes. A la 124e division (général Tatin), ils réussissent à y pénétrer sur certains points, où s'engagent des luttes à la grenade et des combats corps à corps. Des observateurs signalent leurs réserves, colonnes d'infanterie et batteries d'artillerie, qui franchissent les Monts et marchent vers le sud. Ces forces sont aussitôt prises à partie par les batteries françaises et paraissent subir de lourdes pertes. Plus à l'ouest, la bataille est aussi acharnée. La 163e division (général Boichut) est violemment assaillie de front et menacée de débordement à sa gauche, car les Allemands sont entrés dans Prunay et poussent vers le sud-est. En fin de matinée, la ligne de feu passe par: le bois des Cuisines (3 kilomètres ouest de Prosnes) , Wez, Beaumont-sur-Vesle. 
 
     Devant l'âpreté de la lutte et en raison des avantages locaux obtenus par les Allemands, le général Pont, commandant le 4e corps d'armée, se trouve amené à renforcer sérieusement les 124e et 163e division, en prélevant six bataillons sur les forces de la deuxième position. 
 
     L'aviation participe énergiquement à la bataille, malgré un temps défavorable (ciel couvert) jusque vers 10 heures. A ce moment l'escadre n° 1 de la division aérienne procède à une attaque générale des drachen allemands; elle les contraint à atterrir. Dans l'ensemble, sauf dans la région des Monts, l'aviation ennemie se montre peu mordante et travaille dans les lignes allemandes. 
 
     En résumé, au cours de la matinée du 15 juillet, sur le front de la IVe armée, l'offensive des Allemands, dont les efforts principaux se sont développés dans les régions Souain, vallée de la Suippe d'une part, Prosnes, Prunay, d'autre part, se solde par un échec. Si, sur quelques points, elle a réussi à mordre dans la position principale de résistance, nulle part cette position n'a été rompue. A midi, les troupes d'attaque des 3e et 1e armées allemandes sont partout arrêtées et il y a toutes raisons de penser qu'elles ont subi des pertes sévères. 
 
     Le système défensif de la IVe armée a fonctionné de façon satisfaisante. Les avant-postes ont rempli héroïquement leur double mission: prévenir du déclenchement de l'attaque et de ses progrès, s'efforcer de dissocier par leurs feux les vagues d'assaut des Allemands. 
 
     Les uns, en raison de leur importance, soutiennent un véritable combat, d'autres se bornent à canaliser l'attaque qui est obligée de filtrer entre les points d'appui tenus pas eux et la dissocient; quelques autres enfin, trop faibles, sont rapidement débordés. Presque tous les éléments laissés dans la première position sont encerclés et soutiennent la lutte jusqu'à épuisement des munitions, lutte qui durait encore à 18 heures en certains points. Quelques-uns se font jour à la baïonnette et rentrent dans nos lignes dans l'après-midi ou dans la soirée. 
 
     Retardés ainsi par les troupes de la zone de couverture, obligés de suivre des cheminements repérés et battus par l'artillerie française, les Allemands ont perdu le contact de leur barrage roulant, qui suit son horaire, et lorsqu'ils parviennent devant la position de résistance, ils la trouvent à peu près intacte et garnie de nombreux défenseurs résolus à briser leurs efforts. 
 
     A 8 h30, le général Gouraud a fait téléphoner aux corps d'armée: "la bataille commence sur la position de résistance: je rappelle qu'elle doit être tenue à tout prix ". Cet ordre est strictement exécuté et, sur les points où les Allemands ont réussi à prendre pied dans les organisations de la position de résistance, des contre-attaques sont immédiatement prescrites. 
 
     La situation, cependant, ne laisse pas d'être sérieuse notamment dans la région de Beaumont-surVesle, Prosnes, au sud des Monts; d'autre part, si une sorte d'accalmie se produit, en fin de matinée, il y a lieu de penser que les Allemands regroupent et massent leurs forces pour un nouvel et puissant assaut. L'observatoire du Sinaï (Montagne de Reims, près de Verzy) , signale, en effet, qu'un gros effort ennemi paraît imminent entre Beine et la Suippe; il aperçoit dans cette région des troupes allemandes nombreuses en marche vers le sud. Il faut donc s'attendre à une reprise de la lutte dans l'après-midi. 
 

15 juillet 1918 -après-midi 
 
8eC.A. 
 
     Dans le secteur du 8e corps d'armée, les Allemands ne lancent aucune attaque nouvelle; les positions du matin sont donc maintenues et même une partie de la zone avancée qui avait été abandonnée est réoccupée 
 
21e C.A
 
     Au 21e corps d'armée, toutes les tentatives d'infiltration et toutes les attaques partielles ennemies sont rejetées par les 13e division (secteur de Souain) et 170e division (secteur de Saint-Hilaire-le-Grand). La 43e division, dans le secteur de Perthes-les-Hurlus, parvient à dégager entièrement sa position de résistance où des groupes ennemis avaient réussi à prendre pied en fin de matinée. 
 
4e C.A. 
 
     Le front du 4e corps d'armée est le théâtre d'actions très vives sur certains points, mais les Allemands ne font pas de nouveaux progrès. Dans la région de Beaumont-sur-Vesle, une contre-attaque exécutée par des éléments de la 45e Division (2) réussit à franchir le canal et à conquérir une petite tête de pont. 
 
     En résumé, l'après-midi se passe en combats locaux; les attaques des Allemands paraissent décousues et dans plusieurs régions les troupes ennemies donnent l'impression d'être à bout de souffle. Ainsi, le succès remporté dans la matinée par la IVe armée s'affirme. La position de résistance est maintenue partout. 
 
Journée du 16 juillet 
 
     La journée est marquée par une série d'attaques allemandes violentes mais décousues qui donnent lieu à de vifs combats et sont finalement repoussées. 
 
8e C.A. 
 
     L'aile gauche du 8e corps d'armée (161e division) est attaquée le matin entre la butte du Mesnil et la Main de Massiges après une forte préparation d'artillerie. Les Allemands sont très ralentis dans leur progression par l'énergique résistance des groupes légers qui, dans ce secteur, ont pu jusqu'alors se maintenir en avant de la position de résistance; ils poussent jusqu'à cette position mais ne peuvent l'entamer. L'impression, en fin de matinée, est qu'ils préparent peut-être un nouvel effort sérieux. Il n'en est rien, et, dans la soirée, des détachements du 8" corps, se portant en avant, réussissent à regagner du terrain dans la zone de couverture. 
 
21e C.A. 
 
     Le secteur du 21e corps d'armée est plus agité; les deux artilleries et les deux aviations sont très actives; l'infanterie, de part et d'autre, se montre mordante. Dans la matinée, les Allemands paraissent procéder à un regroupement et à une mise en place de leurs forces. A 10 h 30, ils attaquent vigoureusement la 170e division dans la région de la Suippe, mais leurs efforts sont brisés par les feux d'artillerie et d'infanterie. Ils n'ont pas plus de succès, dans l'après-midi, en attaquant la 43e division. 
 
     En riposte à ces attaques, des reconnaissances offensives sont lancées par le 21e corps d'armée et, dans le secteur de la 43e division, une partie de la zone de couverture est reconquise. Le général Naulin, en effet, estime indispensable de donner de l'air à la position de résistance en la couvrant le plus tôt possible par des avant-postes, de façon à la mettre hors de portée des minenwerfer. Il recommande donc à ses divisions de s'efforcer de reprendre les hinterland de la zone de couverture, non par une grosse attaque, mais en poussant en avant, par infiltration, de petites unités. Il s'agit de refouler les Allemands à 1.200 ou 1.500 mètres au Nord de la position de résistance. D'eux-mêmes, d'ailleurs, ils se sont déjà repliés à une certaine distance ne laissant au contact que des éléments légers. D'autre part, des avions ont signalé des groupes français qui résisteraient encore dans certains centres de la zone de couverture. 
 
4e C.A. 
 
     Sur le front du 4e corps d'armée, la lutte est encore très vive au cours de la matinée du 16 juillet. De bonne heure, l'artillerie allemande a entamé des bombardements intenses; vers 9 heures, elle procède à une préparation puissante qui est suivie d'attaques d'infanterie. L'effort ennemi est particulièrement violent dans les régions de Wez, Prosnes, Ouest d'Aubérive-sur-Suippe; sur certains points, les Allemands parviennent à pénétrer dans les positions françaises, mais ils en sont bientôt rejetés par des contre-attaques. Malgré cet échec, ils s'efforcent encore de gagner du terrain, en procédant par infiltration ou attaques partielles. Mais, en fin de compte, toutes leurs tentatives sont brisées par l'énergique résistance des 132e, 124e et 163e divisions. 
 
      En résumé, au cours de la journée du 16 juillet, non seulement la IVe armée maintient l'intégrité de sa position de résistance contre toutes les tentatives des Allemands, mais encore, dans certains secteurs, elle réussit à interposer des avant-postes entre l'ennemi et cette position. Ainsi se trouve confirmée la victoire qu'elle a remportée la veille et que proclame le générai Gouraud dans un ordre du jour adressé à ses soldats. 
 
     Le surlendemain se déclenche l'offensive victorieuse de Mangin contre la poche de Château-Thierry. C'en est définitivement fini, en Champagne, de l'attaque allemande. Dans les semaines qui suivent, nos troupes reprennent partout le terrain délibérément abandonné, dans la nuit du 14 au 15 juillet. 
 
     Telle fut cette victoire défensive du 15 juillet 1918, Dans l'esprit du commandement allemand, cet " assaut de la paix" devait donner l'estocade finale aux forces alliées. L'empereur Guillaume II lui-même était à l'observatoire du Blanc Mont pour assister au triomphe de ses armées. Cette journée fut au contraire le " tournant de la guerre ". C'est grâce à la victoire du 15 juillet, remportée sans qu'une seule des grandes unités de réserves ait été engagée, que put être déclenchée, le 18 juillet, l'offensive qui devait conduire les alliés à la victoire. 
 
     Les pertes étaient lourdes; près de 14.000 Français, plus de 9.000 Américains, tués, blessés et disparus, Elles témoignent de l'acharnement des combats. Mais ces sacrifices nous donnaient le succès. 
   
     Toute sa vie, le Général Gouraud conserva pour ses chers soldats, une reconnaissance infinie: " Quelle que soit, disait-.il, l'excellence des plans, ce sont les, exécutants, les simples soldats, qui sont les véritables ouvriers de la victoire. : C'est en pensant à eux qu'il créa, dès 1928, l'Association du Souvenir aux Morts des Armées de Champagne, et fit ériger le Monument de Navarin. 
 
     En faisant revivre ces souvenirs, en les transmet tant à nos enfants, nous sommes fidèles à sa mémoire. 
 
     Dans l'ensemble du secteur du 21C C,A., environ trois batail lons de la 42c D,l, américaine sont engagés, côte à côte avec des unités françaises, sur la position de résistance et s'y battent avec (1) Dans l'ensemble du secteur du 21C C,A., environ trois batail lons de la 42c D,l, américaine sont engagés, côte à côte avec des unités françaises, sur la position de résistance et s'y battent avec acharnement. 

De la Ve armée.