L'Année 1916

 


     A l'échec de la percée lors de l'offensive du 25 septembre 1915, le front se stabilise. Nous nous efforçons d'améliorer nos positions alors que des attaques locales et limitées sont exécutées par l'ennemi pour essayer de récupérer certains points stratégiques ou pour attirer notre attention et fixer nos réserves: émission de gaz, utilisation de lance-flammes, tirs d'artillerie, coups de mains... 
 
     Le 11 décembre 1915, le général Henri GOURAUD, à peine remis de ses blessures des Dardanelles, est nommé commandant de la IVème Armée en remplacement du général De Langle De Cary qui remplace, au groupe d'Armées du centre, le général De Castelnau nommé chef d'État Major Général. 
 
     Début janvier 1916, la IIème Armée quittant le Front de Champagne, la IVème Armée se déploie de Prunay à l'Aisne: 2e Corps de cavalerie; 60e, 12e, 56e, 127e D.I. (6e CA); 21e, 22e, 151e DI (11e CA); 123e, 126e D.I. (15e CA); 7e, 8e, 124e D.I. (4e CA); à l'arrière: la 100e D.I. Ter. en réserve d'Armée; les 40e, 42e, 69e D.I. (32e CA) en réserve du groupe d'Armées. (Lettre du 7/1/16, du général Gouraud à sa mère: " ... J'ai changé mon quartier général pour le mettre en un point plus central. Puisque cette lettre ne prendra pas la poste, je vous dirai que nous sommes à Sainte Memmie, faubourg Est de Chalons. Je n'ai pas voulu m'installer confortablement dans la ville même, tandis que les pauvres troupiers sont dans la boue... " ). Le 9 janvier, au début de l'après-midi, les Allemands, avec l'aide de 80 batteries, exécutent contre nos tranchées de Saint-Hilaire-le-Grand à Ville-sur- Tourbe un violent bombardement par obus lacrymogènes et obus de gros calibre, puis lancent sur la partie du front comprise entre la Courtine et le Mont Têtu, de fortes attaques d'infanterie avec des hommes appartenant à 2 ou 3 divisions. Des lance-flammes précèdent les attaquants Le but de l'ennemi semble être de nous rejeter de la crête Butte du Mesnil, Maisons de Champagne, cote 199, ou tout du moins d'y conquérir des observatoires, mais il ne parvient qu'à prendre pied en deux points de nos positions., au N E. de la Butte du Mesnil et au S. O. de la Ferme Chausson. Les contre-attaques déclenchées le 10 et le 11 par le 15e C.A. dans le secteur de la Butte du Mesnil et par le 4e CA. dans le secteur du Mont Têtu, nous rendent une partie du terrain perdu. Les pertes ennemies semblent importantes, les nôtres s'élèvent à plus de 2000 hommes. (Lettre du 10/1/16, du général Gouraud à sa mère: " ... Je vais voir chaque jour un des généraux à son poste, pour le connaître et me mettre au courant de la situation de sa troupe. Je refais donc ainsi beaucoup de routes, je revois le pays d'autrefois, du temps du Corps Colonial. C'est toujours le même pays, boueux, revêche, il y a tant de fils de fer et de tranchées sur la terre et de coups de canon dans le ciel... " ). 
 
     Au début de février, des renseignements de source sérieuse et des travaux présentant un caractère nettement offensif, exécutés par les Allemands, font craindre à notre Haut Commandement une offensive d'ensemble contre la IVème Armée. En effet, nos observateurs remarquent une animation anormale les 4, 5 et 6 février, sur les voies ferrées Bazancourt, Rethel, Amagne, Vouziers, Challerange. Le général De Langle envoie à la IVème Armée le 82e régiment d'artillerie lourde et deux groupes d'artillerie de campagne. Des éléments prélevés aux 40e, 42e et 48e DI viennent donner un coup de main à l'achèvement des travaux défensifs de la 2ème position. Mais l'ennemi n'effectue que trois actions locales, violentes, courtes et sans ampleur. Elles ont pour tout objectif la conquête de saillants et d'observatoires, tout en cherchant peut-être aussi à détourner notre attention de Verdun. De notre côté, nous parvenons à infliger deux légers échecs à l'ennemi. 
 
     (Lettre du 6/2/16, du général Gouraud à sa mère: "... Nous avons fait hier un joli coup à l'ennemi. L'artillerie lui a cassé des récipients à gaz qu'il était probablement en train de préparer, et le vent favorable a poussé sur l'intérieur des tranchées ennemies de lourds nuages de chlore. Nous lui avons aussi démoli un convoi de camions-autos... J'ai remis des croix et des médailles toute cette semaine, la plus émouvante à un petit sous-lieutenant de 21 ans, parti soldat pour la guerre: trois citations. Je l'ai fait dîner à côté de moi... " 
 
     Le 11/2, le 4e C.A. réussit à reprendre à l'ennemi une partie du terrain perdu le 9/1 à l'Ouest de la Main de Massiges, dans le secteur de Maisons de Champagne, et fait une soixantaine de prisonniers Le lendemain, 12/2, des éléments du 9e C.A. allemand, après bombardement et jets de liquides enflammés, enlèvent à notre 56e DI (6e C.A.) un saillant de nos lignes, dénommé "Bonnet d'évêque" et situé à 2,5 km au Sud de Sainte- Marie à Py. Nos contre-attaques immédiates pour le reprendre restent sans résultats. 
 
     Le 13/2, après explosion de mines, la 185e brigade allemande attaque deux autres petits saillants de nos positions appelés "le Champignon" et "La Pomme de Terre", situés entre la Ferme de Navarin et Tahure, et tenus par la 151e DI (293e RI) et 21e DI (11e C.A.). Les Allemands réussissent à s'en emparer et à les conserver malgré nos contre-attaques. Nous perdons 2 000 hommes dans ces attaques. 
 
     Le 16/2, des éléments de la 48e DI, 170e, 174e RI, 2e mixte, Régiment marocain, partent pour Verdun. 
 
     Le 21/2, au moment de l'offensive allemande sur Verdun, l'ennemi conserve toujours ses gains au "Bonnet d'évêque" au "Champignon" et à "La Pomme de Terre". Les contre-attaques de nuit qui ont immédiatement suivi la prise du "Bonnet d'évêque" n'ont pas permis à la 56e DI (6e CA.) de reprendre le terrain perdu. Une opération de jour, méthodiquement préparée, est aussitôt projetée: on aménage une tranchée de départ et des places d'armes, on met en place des batteries à longue portée, de l'artillerie de campagne et de tranchées. L'artillerie entre en action le 24/2. L'attaque est exécutée le 25/2. Elle est conduite par le Lt. Colonel CARRERE, commandant le 355e RI, qui dispose d'un bataillon de son régiment (cdt. Le Boucher de Brémoy) et du 65e bataillon de chasseurs (cdt. Faugeras). Ces derniers réoccupent d'un seul bond l'ancienne ligne de résistance et la ligne avancée, faisant un total de 345 prisonniers. 
 
     Le 27/2, les Allemands attaquent plus à l'Est le saillant de Navarin. Après un bombardement de 3 jours, ils enlèvent la ligne avancée sur 1 600 m, progressent rapidement dans les boyaux et prennent pied dans plusieurs points d'appui de la 2e ligne. Ils en gardent trois malgré nos contre-attaques. Plus d'un millier d'hommes ont disparu des 19e et 26e bataillons de chasseurs (127e DI). 
 
     Le 6/3, la 42e DI (8e, 16e BCP; 94e, 151e, 162e R.I.) part à Verdun. Le 6/3, nouvelle action ennemie sur le quadrilatère entre le Mont Têtu et Maisons de Champagne. Les Allemands, avec lance-flammes, causent d'importantes pertes au 317e RI (8e DI), mais n'aboutissent qu'à la prise de quelques mètres de tranchées après un combat de trois jours. 
 
     Le 8/3, la 40e DI, (154e, 155e, 150e, 161e R.I.) part à Verdun. Comme l'ennemi enserre dans une tenaille de travaux d'approche le "Chapeau de Gendarme" à 2,5 km Sud -Est de Sainte-Marie à Py, ainsi que le saillant A1 bis à 3 km Sud de Saint-Souplet, enveloppant donc à très courte distance, comme à Navarin, notre ligne de résistance, le général Gouraud décide de faire sauter l'une des branches en chacun des points menacés et d'enlever "le Bec de Canard" et le bois 372. Une action simultanée des deux bataillons de chasseurs des 294e RI (56e DI) et 67e RI (12e DI) est engagée le 15 mars. Elle est précédée d'une préparation d'artillerie de cinq heures. Hélas, cette attaque locale est un échec et le général Gouraud décide alors qu'il n'y a pas lieu de continuer des attaques dirigées sur des points où l'ennemi a manifesté lui-même des intentions offensives et où il est particulièrement fort. Il décide que les troupes doivent améliorer leurs abris destinés à les soustraire aux tirs d'artillerie ennemie, renforcer les lignes de défense et développer les grands principes de la résistance à outrance, car il n'est plus envisageable de voir l'ennemi récupérer peu à peu le terrain conquis en septembre 1915. Le Front de Champagne doit devenir impénétrable avec ses 4 lignes de défense: deux positions défensives, position intermédiaire et enfin position arrière. 
 
     Le 16/3, une attaque des Allemands sur Maisons de Champagne et le Mont Têtu élargit l'occupation de ce dernier sommet et leur permet des vues dominantes sur nos travaux du plateau et du versant méridional de la Main de Massiges. Le Mont Têtu est bientôt protégé par une "mer de fils de fer". 
 
     Le 24/3, l'aviation ennemie bombarde la région de Chalons, où se trouve le quartier général de la IVème Armée. Le 28/3, la 22e DI (62e, 116e, 19e, 118e R .1.) part à Verdun. Peu à peu l'activité sur le Front de Champagne va se limiter à quelques tirs d'artillerie et quelques coups de main. Les troupes fraîches allant à Verdun et revenant pour se reconstituer et se reposer, la Champagne allait connaître une période de repos. 
 
     Le 1/4, la 13e DI (17e, 21e, 109e R.I.; 20e, 21e BCP) prend le secteur de Tahure, Butte du Mesnil, cote 193. Le 4/4, la 69e DI (287e, 306e, 332e, 251e,254e,267e R.I.), part à Verdun. C'est en avril 1916, que les soldats russes, débarqués à Marseille et choisis parmi les plus braves, et commandés par des officiers, les plus réputés, arrivent au camp de Mailly. 
 
     (Lettre du 25/4/16, du général Gouraud à sa mère: "... Je me suis rendu à Verdun au poste de commandement du général Pétain. Visite au général Berthelot, commandant du 32e C.A. qui était-il y a peu à la IVème Armée, en arrière du Mort-Homme. Dans toute cette région, une incroyable activité: la campagne, les bois, sont remplis de troupes, de chevaux, de hangars d'avions, de batteries, de dépôts de matériels, d'équipages de ponts. La grande route de Bar à Verdun, qu'on appelle " La Voie Sacrée", couverte de camions-autos qui se suivent à 10 m. Une armée de cantonniers travaille à la route. Le ciel est plein d'avions et de ballons. L'ennemi peut s'user les dents: la place est bien gardée. En rentrant, je suis passé à ma vieille 10e DI (que je commandais pendant l'hiver 14- 15) qui est toujours dans les parages où je l'ai laissée. Passé à Clermont, aux Islettes, évacués depuis le dernier bombardement. Hier, j'ai vu le général LOKHVITSKI, qui commande la brigade russe qui vient d'arriver au camp de Mailly: très bien... "). 
 
     Le 1/5, la 43e DI (149e, 158e RI; 1e, 3e, 10e, 31e BCP) prend le secteur de Tahure, Butte du Mesnil. A partir du 2 mai, le général Pétain prend le commandement du G.A.C., quartier général à Bar-Mairie: Ve, IVe, IlI, et lIe Armées; le général De Langle De Carry, atteint par la limite d'âge, quitte son commandement. 
 
Le 4/5, la 33e DI, (207e, 9e, 11e, 20e RI) prend le secteur de "Maisons de Champagne", Butte du Mesnil.  
Le 6/5, la 17e DI (68e, 90e, 268e, 290e RI) prend le secteur de Saint-Hilaire-le-Grand. 
Le 9/5, la 124e DI (101e,124e,53e,142e RI) part à Verdun.  
Le 11/5, la 56e DI (294e, 354e, 355e, 350e, 361e RI; 65e, 69e, BCP) part à Verdun. 
Le 11/5, la 18e DI (32e, 66e, 77e, 135e RI) prend le secteur de Souain, Ferme de Navarin. 
Le 12/5, la 152e DI (114e,125e,296e RI) prend le secteur de Souain ; Aubérive; Tahure. 
Le 16/5, la 123e DI (6e, 12e, 411e, 412e RI) part pour Verdun. 
Le 17/5, la 126e DI (55e, 112e, 173e, 255e RI) part pour Verdun.  
Le 21/5, la 151e DI (403e, 410e, 293e, 337e RI) part pour Verdun. Étant donné que les brigades russes, en tant qu'unités récemment constituées, n'avaient jamais participé aux opérations militaires, elles furent mises à l'entraînement au camp de Mailly: lancement de grenades, travaux de génie, combat de tranchées, méthodes de la lutte adaptées à la guerre de positions. Tous les chefs de bataillon et les capitaines suivirent, soit au Front, soit dans la zone d'opérations, des cours de trois jours. Le général Gouraud avait créé, à l'arrière du Front de Champagne, plusieurs camps pour l'entraînement des unités qui devaient monter au front. Différentes armées utilisèrent ces camps, reproduisant en grandeur nature les lignes ennemies à prendre, et permettant ainsi aux hommes et aux officiers de faire de nombreuses répétitions. 
 
     Avant de quitter le camp de Mailly, la 1 ère brigade russe fut passée en revue par le général Gouraud. (Lettre du 29/5, à sa mère: "... J'ai passé en revue, à Mailly, la brigade russe du général LOKHVITSKI superbe dans son uniforme vert qui se confondait avec les bois. J'avais fait venir un bataillon de coloniaux de la classe 16. J'étais un peu inquiet parce qu'il pleuvait à verse et les marsouins défilaient les derniers dans un terrain glissant, détrempé. Ils ont été épatants. Je suis ensuite allé visiter une chapelle avec de très vieilles icônes de la Sainte-Vierge, j'ai été reçu par les popes..."). 
 
Le 3/6, la 152e DI prend le secteur d'Aubérive -Souain Tahure. 
Le 5/6, la 21e DI (64e, 65e, 93e, 137e RI) part à Verdun.  
Le 6/6, la 34e DI (83e, 209e, 59e, 88e RI) prend le secteur Butte du Mesnil -Maisons de Champagne. 
La 124e DI prend le secteur Ville-sur- Tourbe -Mont Têtu.  
Le 10/6,la 12e DI (54e, 67e, 106e,132e RI) part à Verdun.  
Le 15/6, la 127e DI (25e, 29e, 172e, 19e, 26e, 171e RI) part à Verdun.  
Le 23/6, la 60e DI (202e, 225e, 248e RI) part à Verdun. En juin, le Front de Champagne fut calme. Seuls quelques coups de main eurent lieu, les 2/6 et 22/6 vers La Main de Massiges; le 27/6 devant les Russes à Auberive, où les Allemands voulant reconnaître les troupes nouvelles qui se trouvaient devant eux déclenchèrent un important bombardement avant de passer à l'attaque. Ils auraient réagi sans le courage du sous-lieutenant BYCHOWSKI qui mena la résistance. La ligne fut conservée intacte, et des prisonniers furent faits. Le sous-lieutenant fut le premier officier de la brigade russe décoré par le général Gouraud à l'ordre de la IVème Armée. 
 
     Le 1/7 débute l'offensive franco-anglaise de la Somme. L'ennemi étant fixé maintenant en deux endroits, le Front de Champagne devint un secteur de repos et d'entraînement. Quelques tirs d'artillerie, quelques coups de main, sont effectués de temps en temps pour fixer les troupes en présence et pour vérifier "identité et "état des unités qui sans cesse viennent se reformer et se réorganiser sur ce secteur après l'enfer de Verdun et de la Somme, bien souvent avant d'y retourner. 
 
     Le 5/7, la 8e DI (115e, 117e, 317e RI) part à Verdun. Avant son départ pour Verdun, la 8e DI était depuis six mois en ligne devant La Main de Massiges. A l'arrivée de la division, le secteur était en très mauvais état. Les moyens de communication étaient insuffisants; la route conduisant à Valmy était commune à deux divisions, celle qui se dirigeait vers Courtémont était impraticable et dût être refaite. De même, il fallut établir une route en rondins au pied de la cote 180. En ligne, les boyaux étaient à refaire parce que mal tracés et insuffisants. Les abris n'étaient pas assez nombreux et mal protégés. Les défenses accessoires, réseaux de barbelés, réseaux Brun, n'étaient pas assez denses. Un travail considérable, dans un sol qui n'était qu'un ossuaire, fut donc accompli. Mais pour exécuter ces travaux, il fallait, de nuit, aller chercher le matériel à la gare du Decauville, et le ramener à dos d'homme, au prix de nombreuses corvées qui étaient épuisantes- D'autre part, les boyaux étaient remplis d'une boue gluante qui remontait jusqu'à mi-jambe; le ravitaillement, certains jours, était des plus médiocres. Et, si nous ajoutons à tout cela la neige pendant l'hiver, l'été la réverbération du soleil sur les parapets éclatants de blancheur, les poux et les rats, on comprendra le calvaire du fantassin, même pendant des périodes de calme relatif. Pendant ces six mois, les pertes furent élevées. Le nombre des morts dans les lignes est de 690 pour les quatre régiments d'infanterie (130e, 317e, 115e, 117e RI). En ajoutant les morts des autres formations, artillerie, génie, groupe de brancardiers divisionnaires, l'on arrive à un total de 750. En ajoutant les décès plus tardifs dans les hôpitaux, les disparus ou ensevelis dans les abris et les lignes, ou déchiquetés, ou évacués par les unités voisines, ou prisonniers, ainsi que les 3000 blessés et les 4000 malades évacués, on arrive à des pertes s'élevant à plus de la moitié de l'effectif de la division... ".  
(Allocution prononcée en 1977 à la Société Française d'Histoire de la Médecine, en hommage au Service Médical de la 8e DI à la Main de Massiges). 
 
Le 12/7, la 33e DI part à Verdun.  
Le 12/7, la 60e DI prend le secteur de Tahure.  
Le 16/7, violents combats devant le secteur russe.  
Le 22/7, violents combats devant le secteur russe.  
Le 2/8, attaque ennemie devant le secteur russe.  
Le 3/8, la 125e DI (76e, 131e, 72e, 91e RI) arrive au camp de Mailly.  
Le 6/8, la 154e DI (413e, 414e, 416e RI) prend le secteur de Ville-sur-Tourbe. 
 
     (Le 6 août, lettre du général Gouraud à sa mère.. "... Le Front de Champagne est à peu près calme, puisque l'effort est ailleurs. Nous faisons cependant des coups de main. L'autre jour, un sergent a sauté dans la tranchée allemande et a tordu le cou de la sentinelle. Le général Joffre lui a remis, à Sainte-Menehould, la médaille militaire. Et comme je félicitais le gaillard de sa vigueur, il m'a répondu simplement.. Oh!, moi, mon général, pour la force, j'crains personne... " ). 
 
     Le 12/8, la 43e DI part pour la Somme En août 1916, la composition de la division d'infanterie d'avant-guerre (4 régiments d'infanterie en 2 brigades, 1 régiment d'artillerie à 3 groupes de 75) est modifiée: -3 régiments d'infanterie sous le même commandement, -1 régiment d'artillerie de campagne à 3 groupes de 75 et 2 groupes de 155 court, -1 compagnie de mitrailleuses par bataillon. Cette nouvelle organisation permet de récupérer 1 200 hommes par division modifiée, de ménager les ressources des dépôts, d'augmenter le nombre des divisions nouvelles. 
 
Le 10/8, la 8e DI prend le secteur de la Butte du Mesnil.  
Le 27/8, l'Italie déclare la guerre à l'Allemagne.  
Le 28/8, la 7e DI (102e, 315e, 103e, 104e RI) et la 13e DI partent à Verdun. 
Le 1/9, la Roumanie entre en guerre à nos côtés.  
Le 2/9, la 19e DI (48e, 71e, 70e, 270e RI) prend le secteur de Saint-Hilaire-le-Grand  
Le 6/9, la 125e DI part pour la Somme. 
 
     Dans la nuit du 8 au 9 septembre, un important coup de main est effectué par les Russes au Nord-Ouest d'Auberive. Les Allemands répliquent vers le 15 septembre. Le 20/9, la 100e DIT (201e, 209e, 309e, 325e RIT) part pour la Somme. 
 
Le 1/10, la 17e DI part pour la Somme. Le 4/10, la 1e DI (43e, 127e, 1e, 201e RI) arrive dans le secteur de Souain.  
Le 5 octobre, la 1ère brigade russe laisse la place à la 3ème brigade russe, qui y restera jusqu'au 16 décembre.  
Le 7/10, les 18e et 152e DI partent pour la Somme.  
Le 14/10, le chef d'escadrons Pierre GOURAUD, cavalier passé dans l'infanterie, frère du général Henri Gouraud, est tué près de Bouchavesne dans la Somme, dans les rangs du 67eRI. 
 
     Le 19/10, la 2e DI (8e, 110e, 208e RI) arrive dans le secteur de Maisons de Champagne. En cette fin d'année, la tranquillité relative permet de perfectionner l'organisation des secteurs et d'améliorer le système de communication par voies ferrées. 
Le 2/11, la 5e DI (33e, 73e, 273e RI) prend le secteur de Beauséjour  
Le 15/11, la 124e DI part pour la Somme. Novembre 1916, arrêt de l'offensive de la Somme- Pour la première fois, le fantassin vit l'utilisation des premiers chars anglais- Cette offensive qui ne délivra que 180 km2 de sol français, avait permis de dégager Verdun, de retenir des forces ennemies sur le front occidental et d'infliger une usure importante à l'ennemi. Total des pertes: 200000 Français, 400000 Anglais, 500000 Allemands. 
 
Le 26/11, la 162e DI (43e, 127e,327e RI) prend le secteur de Souain.  
Le 1/12, la 154e DI part pour Verdun, après un stage au camp de Mailly. 
 
     (Lettre du général Gouraud à sa mère.. " ." l'instruction donnée dans nos camps est bonne; cela a été sanctionné par la Bataille de la Somme, où les divisions instruites ici ont enlevé tout ce qu'elles ont attaqué et au prix de pertes moins élevées que les autres. Les généraux MICHELER et FAYOLLE me l'ont dit quand je les ai vus lors de nos tristes pèlerinages dans le Nord, et le général Joffre m'en a fait remercier..."). 
 
     Le 19/12, la 37e DI (2e et 3e Zouaves; 2e et 3eTirailleurs) va à l'entraînement au camp de Mailly. Mi-décembre, le général Gouraud quitte la IVème Armée, nommé résident général au Maroc en remplacement du général LYAUTEY qui prend le Ministère de la Guerre. Le général Fayolle, le 19/12, puis le général ROQUES, le 31/12, remplacent le général GOURAUD. 
 
     Fin décembre 1916, les pertes à Verdun s'élèvent à 400000 Français et 350000 Allemands. Le général JOFFRE est élevé à la dignité de Maréchal de France En cette fin d'année 1916, les batailles de Verdun et de la Somme, les pertes élevées chez les combattants et les efforts demandés aux civils nous annoncent peut-être déjà certains événements de 1917. 
 

Bernard Berthion