Mardi 2 janvier 1917 Tous ces derniers jours le canon a tonné, la nuit surtout. Les trains se sont succédés avec fièvre ; les aviateurs auraient repéré des forces ennemies très nombreuses en face de nous. Que va-t-il se passer ?
Mercredi 3 Journée absolument calme, d'un calme qui est presque anormal. Il neige.
Jeudi 4 De 1 heure à 5 heures du soir le canon a tonné furieusement. Le tir ne dépassait pas, heureusement pour nous, la route Suippes-Perthes. L'adjudant Bouetuard a compté dans notre seul secteur 108 coups en ½ minute. Et de Souain, le bruit était celui du tambour. Il pleut ; il fait froid. Il paraît que l'ennemi attaque devant Souain, sur la 162 e division.
Vendredi 5 La soirée d'hier s'est terminée par un clair de lune presque cynique. Il a dû éclairer de belles choses ! Le 148e a réussi à enlever quelques petits postes. Il n'y a guère de casse.
Samedi 6 Le 271 de notre division a fait une sortie, ou plutôt a fait la tentative. Un tir trop nourri l'a arrêté net. Des grondements secouent encore nos cabanes. Mais les monstres ont l'air de se calmer.
Dimanche 7 Il neige.
Lundi 8 Un avion ennemi poursuivi par deux des nôtres -à grande distance- nous a survolés puis s'est dirigé vers l'est. Tout à coup il atterrit au camp d'aviation d'Auve. C'est un lieutenant qui montait pour la première fois. Il prétend s'être trompé et avoir pris la Marne pour l'Aisne. Quelle blague !
Mardi 9 Tout à l'heure, dans la plaine, à Colline-Laprade, s'est produit un grave accident. Pendant l'instruction une grenade a éclaté : 11 officiers blessés dont 3 ou 4 très grièvement, (2 mains, un œil emportés) - 2 morts. Beaucoup de grenade ! Un boche aurait eu la croix de fer !
Mercredi 10 (S. Guillaume, souligné de 2 traits) On nous apprend la suppression du DES. Des médecins d'ici partent pour Salonique. A quand notre tour. De nombreuses troupes se concentrent, dit-on à Mailly, dans les Vosges, dans la Somme. La journée a été calme, il a neigé.
Jeudi 11 Louis aurait pris le chemin de la Prusse orientale. Pauvre frérot, ce qu'il doit être malheureux, dénué de tout (puisque les envois ne lui parviennent pas) et si triste de se trouver seul, loin des siens en pays ennemi.
Samedi 13 C'est Delorme qui, poursuivant un boche, l'a obligé à atterrir à Auve, devant No….
Lundi 15 La 1ere CA part pour Fismes ( ?). On parle de préparation intensive d'attaques dans la région de Soissons.
Mercredi 17 Les trains défilent nuit et jour. On sent que Nivelle veut mener les choses rondement.
Vendredi 19 Nous sommes dans la neige depuis 2 semaines et le froid est rigoureux. On a noté -12° au C….
Samedi 20 Delorme s'est tué. Depuis quelques jours le canon gronde, par saccades violentes.
Jeudi 25 Ces derniers jours je n'ai eu à noter, avec tout le monde, que la persistance de la vague de froid, qui devient de plus en plus insupportable. On se demande si tout le soleil de l'été parviendra à faire fondre la glace qui nous entoure.
Mercredi 31 Il a reneigé ce matin. De 8 h. du soir à minuit, heure à laquelle j'écris, nappes chlorées où il me semble qu'un peu de sulfure de C. est mêlé. Encore un divertissement que le boches ne manquent pas de nous fournir. J'ai fait le tour du cantonnement, tout le monde est alerté et les mesures sont prises. J'ai été sur pied de 11h1/2 à 3h. du matin pour un homme intoxiqué par les gaz. J'ai cru ne pas le tirer de cette impasse. A 3h. je suis revenu du CVAD transi mais content.
Vendredi 2 février J'ai du travail en masse avec les intoxiqués de la dernière vague. Il y a paraît-il dans le secteur touché plus de 100 morts et 600 évacués. J'ai 15 malades par les gaz pour ma part.
Samedi 3 Records de température : le thermomètre gradué jusqu'à -18° était descendu plus bas encore à 7 h. du matin, au point que nous ne savons pas exactement jusqu'où est allé le froid. On ne s'en porte pas trop mal. Note curieuse : le pain était glacé, littéralement pétrifié.
Dimanche 4 Depuis un mois nous sommes dans la neige et si cela continue je me demande quand elle disparaîtra. Drôle de pays ! Ce matin nous avions les œufs gelés (-20°5)
Jeudi 8 -23°… chouette !
Vendredi 9 Encore un réveil de nuit pour un homme pris de congestion au camp P. Ce n'est pas étonnant si mon rhume s'enracine. Eh bien, il partira bien lui aussi comme il est venu !
Samedi 10 Je reçois de longues nouvelles de chez moi aujourd'hui, en particulier une lettre m'apportant des nouvelles de Louis. Pauvre frérot, ce qu'il doit être malheureux en Prusse orientale par un froid pareil.
Dimanche 11 Ce matin au CVAD pluie de culots d'obus à l'heure de la visite (tir contre avion) Un de mes camarades, m. aux. A la 23e Bie du 50e ( ?) d'art. a été enterré ce matin dans son abri. Après 14 h. de recherches on l'a retrouvé, mort naturellement.
Lundi 12 Un des camarades de Pentoux (Pentaux ?) , allant à son enterrement, s'est fait ramassé par un obus. Il n'en restera donc plus !
Mercredi 14 Un obus a mis le feu à Forestière ( ?) un dépôt de munitions a sauté durant 2h. un mort au 30e Le canon a tonné toute la journée dans ce secteur.
Jeudi 15 Le feu a été intense toute la nuit. Nos cabanes tremblaient comme des feuilles. Que se passe-t-il sur Souain et sur Perthes ? Ce matin le roulement est absolument continu. 2h. après-midi : des obus sifflent au-dessus de nos têtes à cadence régulière. Ils vont plus loin !
Vendredi 16 L'un de nos avions a mis le feu a une saucisse boche. Nous l'avons vu tomber en flammes, laissant derrière elle un grand tire-bouchon de fumée très noire. Peu après un de nos avions tombe en flammes vers le camp Madelin. Un avion boche est également descendu (je n'ai pas vu tomber ce dernier).
Samedi 17 Dans la nuit le canon faisait tellement rage sur Souain que je me suis levé. Le ciel était orageux et les canons faisaient jaillir des éclairs à jet continu. Aux nouvelles : nous aurions perdu 800m. de tranchées à un saillant entre la butte du Mesnil et Maison de Champagne. Les boches sont parvenus jusqu'aux 2e lignes qui leur ont été reprises.
Dimanche 18 Les boches ont enlevé le saillant de la côte 182. Une compagnie Z. avec ses bouteilles a été raflée.
Jeudi 22 La douleur n'invente rien, elle ne fait que refléter des douleurs sans nombre. La vie est absurde ! Ceux qui prétendent que l'on meurt de chagrin mentent. J'ai subi dans ma vie deux épreuves : celle où j'ai vu mon frère mort, et celle-ci. On ne peut pas aimer un frère et une jeune fille autant que j'aime mon frère et une G. chérie. Je perds celle-ci pour " suivre on ne sait quel devoir " Est-ce un cri de révolte ou un mot de lascitude douloureux ?, je ne sais, je ne veux pas essayer de le savoir. L'épreuve est dure, je le sais trop. On en guérit paraît-il. Je me le souhaite très fort car je crois à la vie, à ses bonheurs, à ses satisfactions, au plaisir maladif même de ses peines. Je ne fais que répéter un moment banal de la vie des hommes qui se croient supérieurs, parce qu'ils croient raisonner.
Samedi 24 au Mardi 28 Deux pages remplies de contre-pétries transcrites à la fin.
Mercredi 7 mars Le canon tire furieusement. Les trains blindés, le 155, des mines dans les camps font rage. Dans une lettre Fournier m'annonce que nous aurons du nouveau.
Jeudi 8 On parle de 50 heures de bombardement. C'est que les tuyaux se justifièrent puisque cela n'arrête pas. En attendant il neige !
Vendredi 9 Toute la soirée et toute la nuit le canon s'est fait entendre. Les nouvelles sont bonnes, la 23e division, sur note droite aurait fait du bon travail. Le saillant perdu est repris en grande partie.
Samedi 10 mars Le bombardement a fortement diminué d'intensité. L'affaire est terminée.
Dimanche 11 Quelques obus miaulent au-dessus de nos têtes. C'était des 210 pour Somme-Tourbe.
Lundi 12 Nous venons d'apprendre la prise de Bagdad. A près cette nouvelle …ble, une réaction s'est produite. Une vague de tristesse m'étreint, indéfinissable, trouvant peut-être sa source…Oh, et puis n'en parlons plus.
Vendredi 16 Notre secteur est agité. Le matin de bonne heure et le soir à la tombée du jour, en particulier, le canon tonne avec fièvre.
Samedi 17 Un avion abattu venant du Mesnil sur notre droite.
Dimanche 18 Nous apprenons de bonnes nouvelles du front anglais et de notre front du Soissonnais.
Lundi 19 Visite de M. Ribouillat ( ?)
Mardi 20 Une note nous invite à nous tenir prêt à démarrer si les boches abandonnent leur front de Champagne. Cela me semblerait plutôt drôle. Sait-on jamais
Mercredi 21 Grateuil et Ripont, en face de nous, seraient en feu. Est-ce un canard, ou les indices d'une évacuation prochaine ? Le front vibre.
Vendredi 23 Une angoisse étrange m'étreint. Mon cœur bat très fort. Je sens le besoin de reprendre haleine à tout instant. Que se passe-t-il de grave, d'heureux ou de malheureux ? Mes impressions me trompent rarement.
Jeudi 29 Le canon gronde plus fort que de coutume.
Vendredi 30 Des obus sifflent sur notre gauche et vont plus loin s'écraser sur la route de Bussy. Les boches ont attaqué sur 182 et Tahure. Il n'y a pas de gros dégâts.
Dimanche 1er avril Depuis 2 ou 3 jours des rumeurs sur les opérations circulent à outrance. Il paraît que dans quelques jours, vers le 12, il faut s'attendre à des opérations importantes.
Lundi 2 Des canons très lourds (305 et 340) arrivent, les 155 par centaines accompagnés d'innombrables tracteurs viennent se mettre en position. Des troupes africaines affluent sur notre village de l'arrière. Des voies pour trains blindés naissent comme par enchantement.
Mardi 3 Nous avons causé avec un observateur de " saucisse ". Ils nous dit que de nombreux aéronefs sont prêts à prendre l'air du côté de Louvercy. A St Hilaire/ Temple parmi les escadrilles arrivées il y a celle de nombreux as (Guynemer, Madon, Casabet…)
Mercredi 4 Nos voisins du CVAD ne sont guère contents de voir se mettre en batterie à 200 m. d'eux, des canons transportés sur wagons à 24 roues. Gare à nos vitres !
Jeudi 5 Le temps est toujours mauvais : vent, grêle, neige, pluie, boue, toute la lyre.
Dimanche 8, Pâques Les fêtes de Pâques ont passé. Nous avons vécu sur nos réserves, sur nos souvenirs. Tout est calme. Cela sent de gros orages.
Lundi 9 Je viens de recevoir une note donnant des instructions sur la marche en avant. La machine est sous pression. Des avions volent la nuit. Les mitrailleuses crépitent au-dessus de nos têtes. Les boches descendent mitrailler nos baraques de très près. Ils ont fait dans la région un arrosage copieux de bombes. Rien pour nous.
Mardi 10 Pas un coup de canon aujourd'hui : c'est plus impressionnant que si l'on entendait quelques bruits de guerre.
Mercredi 11 Je crains que nous y sommes : cette nuit les avions boches sont revenus. Au petit jour un roulement d'1/4 ( ?) s'est entendu vers Maison de Champagne. Depuis sur notre gauche le canon fait rage éperdument, sans arrêt. Nous voyions les lourds éclatements sur les crêtes. Le temps est affreusement sombre et le canon roule plus fort que la tempête.
Jeudi 12 Nos troupes sont alertées, mais je crois que, momentanément, nous ne serons que spectateurs de la partie qui s'engage sur notre gauche, entre Souain et Reims ?
Vendredi 13 Toutes les crêtes du Mont sans Nom, de Moronvillers, d'Aubérive, de Souain, ne sont que des sortes de cratères vomissant feu et flamme nuit et jour. Les grosses pièces de marine à côté de nous jouent la grosse caisse. Du bout du parc nous suivons les éclatements multipliés à l'infini.
Samedi 14 9 saucisses boches, 11 françaises. La nôtre vient d'être descendue par un avion boche. L'observateur a pu se servir de son parachute. Le canon n'arrête pas depuis 5 jours. On comptait ce soir dans le rouge du couchant 25 saucisses !
Dimanche 15 Nous avons vu tomber un avion ennemi attaqué par 2 des nôtres, 3 de nos aviateurs ne seraient pas rentrés hier. Toutes les crêtes devant nous semblaient remuées par des mouvements sismiques et dans la nuit les gerbes de fumée se sont transformées en une raie lumineuse hachée par des éclairs innombrables.
Lundi 16 J'ai passé une nuit avec l'illusion d'être dans une cabine de bateau : mon lit de camp était balancé par les lourdes rafales du canon qui a jet continue secouaient nos cabanes.
Mardi 17 Le canon n'a pas cessé de roucouler mais ce matin vers 4 h. j'ai entendu une canonnade comme de ma vie je n'en avais connu de pareille. Un frisson de malaise et de satisfaction m'a tenu longtemps. Au QG on annonce qu'à l'ouest de Reims on a fait 10000 prisonniers. Des spahis passent sur la route. On aurait pris les fameuses buttes de Moronvillers vers 9 heures. Ce soir le canon est plus calme.
Mercredi 18 Notre corps d'armée est entré hier en danse, magnifiquement. La 24e s'est illustrée sur Aubérive. Les marocains ont fait des merveilles sur la gauche, mais qu'est-ce qu'ils ont comme pertes ! 28 tanks sur 50 démolis. Ce soir, objectif à atteindre, Ste Marie à Py.
Jeudi 19 Le canon n'a tonné qu'avec la furie habituelle qu'à la tombée de la nuit on dirait que les deux parties vont souffler.
Samedi 21 Un albatros piloté par un lieutenant (21 ans) vient attaquer notre saucisse qu'il avait déjà descendue le 14. Une balle de mitrailleuse arrête la randonnée. Le pilote avec le bras droit en capilotade (fracture de l'humérus, du radius et plaie humérale) est obligé d'atterrir à quelques centaines de m de chez nous. Je lui donne les premiers soins. La foule m'a donné une idée de ce qu'elle savait faire d'irraisonnable. La voiture qui nous a conduit à la 2/60 était précisément celle de l'observateur descendu le 14. Drôle de coïncidence.
Dimanche 22 Le commandement du génie ( ?) m'annonce ma promotion d'A. major.
Lundi 23 Confirmation de ma nomination par la direction du Service de Santé. Quel arrosage !
Mardi 24 Nous déménagerions le 26 pour aller à Suippes. Comme si on ne connaissait pas assez ce pays-là !
Jeudi 26 Nous venons d'apprendre la mort de Pichaud versé à sa demande au 202. Depuis 33 mois il avait été à la Cie. Départ pour Suippes demain 4 h.
Vendredi 27 3 h. du matin. En attendant le départ, nuit claire. Feu d'artillerie intense dans le secteur de Suippes où nous allons. Nous avons été jusqu'ici spectateurs de la grande bataille, serons plus tranquilles demain ?
Samedi 28 Que Suippes a souffert depuis notre dernier séjour ! Les maisons encore habitables sont très peu nombreuses.
Dimanche 29 Le vieux régime recommence : 117 obus dans la nuit, à 9 reprises différentes, avec une quarantaine de bombes d'avion.
Lundi 30 Sacrés boches, ils ne nous laisseront plus dormir. Nous avons été bombardés à 4 reprises cette nuit encore.
Mardi 1er mai 1917 Zut ! Ils exagèrent : 18 obus comme ration du jour : allons cela diminue. A Châlons, les aviateurs boches ont fait du propre, il n'y a vraiment plus de plaisir possible.
Mercredi 2 3 obus seulement, et pas de casse chez nous jusqu'ici. C'est drôle comme les journées sont calmes avec des nuits toutefois agitées.
Jeudi 3 2 heures du matin. Cette fois c'est du mal qu'ils nous ont fait : un tué, 2 mourants, 4 autres blessés. 12 chevaux morts. Un zeppelin avait été signalé à 10h30. Le projecteur a marché. Des avions ont foncé sur lui et ont lancé des bombes à bout portant. Quelques instants avant j'étais au pied de l'appareil et je n'étais pas plus éloigné de l'appareil de 50 m. au moment de la chute des bombes. Je viens d'être versé au 1er groupe de la 207e d'artillerie. Visite au colonel de l'AD 60 (ou AM). Départ à 3 h. Je rejoins les batteries du bois des Bouleaux. En passant aux éd…. (Ferme de Jonchery) 2 morts, 2 blessés. Je traverse St Hilaire noyé dans une fumée café au lait d'explosions ininterrompues. Bonne réception au PC.
Dimanche 6 De 3 h. à 7h. de l'après-midi nous avons reçu du 210 à jet continu à 100m. de nous. Nos abris ne sont pas à l'épreuve d'obus de ce calibre. La 23e en a pris autant que nous.
Lundi 7 3 blessés à la 23. Elle a été bombardée une bonne partie de l'après-midi. Dans la nuit intense canonnade sur la gauche. La ligne Aubérive Moronvillers ressemblait à un boulevard illuminé pour une fête.
Mardi 8 Journée calme. Etats de blessés. Ce n'est que depuis 1 heure, c'est à dire depuis 9 h. soir que les pistes et routes autour de nous reçoivent des obus.
Mercredi 9 Sur signal de l'infanterie nos batteries font du barrage de 11h45 à minuit 40. Jeudi 10 Le coup de main que les boches ont tenté sur la 248 s'est arrêté pile sous nos 1800 obus.
Vendredi 11 2 prisonniers ont averti que demain soir l'ennemi va faire un gros coup de main sur le fond du 248 : toutes les mesures sont prises.
Samedi 12 23h52. Fusées. Barrage. 24h30. Tout est calme. Les boches ont du trouver le fameux " bec " traditionnel.
Lundi 14 Visite à la 10/24, la vieille 10/24 ! Temps lourd. Des obus à mon passage dans St Hilaire. Nervosité dans le secteur. Tirs de représailles sur les boches qui bombardent nos lignes.
Mardi 15 2h55. Fusées. Mitraillade, barrage. Toutes nos pièces " en jouent un air ". les boches répondent. A la 22e un canon saute : d'où excursion peu agréable dans le bled. 3 morts, 2 blessés, les morts sont hachés.
Samedi 26 Retour de ma permission signée à 5 h.
Dimanche 27, Pentecôte Départ 2 h. Bussy Minuit à Châlons
Lundi 28 Arrivé à paris à 6h. matin. Train pour Courbevoie de St Lazar à 7h20 ou 8h5. Retour à 3h8 arrivée à Levallois à 3h 18 . Départ à Lyon à 20.5 ou 15 [rajouté à l'encre bleue :] tout s'arrange en ce monde avec du cœur et de la bonne volonté.
Mardi 29 Avignon 9h30 Mercredi 30 Départ 9h1/2. 11h40 Marseille. 17h11 départ pour Nice arrivée à 1h30.
Jeudi 31 [écrit à l'encre bleue] Par une lettre reçue, en Corse, j'apprends la mort de mon camarade de la 10/63 qui devait me remplacer pendant ma permission. Quelques heures après mon départ il a été appelé à la 23e batterie pour soigner des blessés. La 23e recevait des obus de calibres divers depuis plusieurs heures. Le médecin qui me remplaçait avec tous les blessés qui étaient près de lui, avec tous les officiers de la batterie, tout le monde est resté enfoui par un 210 à retard. Ce malheureux a pris ma place au bon moment !
Lundi 4 juin En permission ! [rayé jusqu'au jeudi 7 par un trait d'encre bleue en diagonale sur l'agenda]
Samedi 23 Hospitalisation ( St Charles )
Mercredi 11 juillet Arrivé à Vitry le François
Vendredi 10 août Départ par le T.S - Direction Moulins
Dimanche 12 Chatel Guyon
Mardi 4 décembre [écrit à l'encre bleue d'une écriture à peine lisible et non alignée] Arrivée à P…la en convalescence [à partir de cette date les remarques de l'auteur ne sont peut-être plus en relation avec les quantièmes, mais écrites sur des zones libres en fin d'agenda]
Vendredi 21 Hopital Buffon 16 Bd Pasteur 16
Dimanche 23 [figurent quelques comptes]
Sur la page du 25 décembre figurent des adresses :
Louis 2e Cie Baraque D Giessen François M. GBD 114 Sect. 169
Ch. François 28e Sect. 118 Constantin à Sorgues
M. Vittori Infie Rt inf. Cle du Maroc 1er Bon 131
Gaston 7/52 194
Albert 2e Art. Mont 47e Bie 503 (Orient)
Ferrand 66e Infie Tours S. Pierre 152 Ar. St Ouen
B. de Pierre 0 rue Deschanel Courbevoie
J. Ch. S/Lt 6 Rodez Aveyron 7 rue Marie-Thérèse Mourillon Toulon
Sur la page du jeudi 27 (suite)
Girard et Boitte 46 R. Lebisque 4 Sect. 77 Miprat ( ?) T48 B4
Capit Fournier 2/62 du 3e Génie Sp 222
Dr Charpenel Bon d'Instruction 152e Inf Sect. 188
Sur la page du samedi 29 figure un état de ses services :
17 août 1914 - mobilisé au 58 RI
3 septembre 14 - Médecin auxiliaire affecté à l'Hopital Ste Marthe
8 février 15 - 58e RI
29 mars 1915 - 247e RI
8 avril 1915 - 225e RI
21 mai 1915 - 10/24 au 6e Génie
5 mai 1917 - 207e artie 1er . (illisible)
S/Lt Bénesis 9e Tirailleur S. 49 [figure perpendiculairement et à l'encre bleue la mention :] " Ensemble ! "
Sur la page du lundi 31 figure l'extrait suivant :
" La vertu est toujours accompagnée d'une ( ?) profonde ; elle n'amuse pas, mais elle satisfait. Une femme assez heureuse pour la posséder, toujours contente d'elle-même, peut ne se regarder jamais qu'avec complaisance ; l'estime qu'elle a pour elle est toujours justifiée par celle des autres, et les plaisirs qu'elle sacrifie ne valent pas ceux que le sacrifice lui procure. Du Daphné (Crébillon fils)
La dernière page contient une adresse, peu lisible : Lulu Labellue ( ?) Pl. République Aline Bar ( ?) Codacci…